Probablement l’article qui m’aura pris le plus de temps jusqu’à maintenant. Parce que y’a des choses qui sont sacrées.
J’ai une sainte horreur du fanatisme quel qu’il soit, de la groupitude, qu’on puisse aduler jusqu’à l’aveuglement, sans se poser de questions (je renvoie à la chanson Chezus de WIZO qui traduit très bien tout ça). Mais… Joe Strummer quoi…
Alors certes dans cet article je m’attaque pas à Joe Strummer himself, c’est impossible de toute façon. Mais quand bien même je parle de ce doc, ça reste très particulier pour moi.
Le plus dur aura ptêt été le choix des photos. Franchement, faites une recherche Google Images sur Joe Strummer, et essayez d’en choisir mettons 3. Chaud patate hein… Elles valent toutes le coup en fait. Bref, trêve de digressions, passons au sujet de cet article.
« Joe Strummer : The Future is Unwritten » est un film documentaire britannique de Julien Temple sorti en France le 11 juillet 2007.
Il s’agit là d’un portrait sans complaisance retraçant la vie de Joe Strummer, bourré de témoignages, propos de Joe Strummer, extraits de son émission radio à BBC World, et images d’archives. Il n’est pas seulement question de The Clash, mais bien de Joe Strummer, et même si cette période Clash est évoquée, on parle aussi de l’avant et de l’après.
De ses origines, sa naissance à Ankara, ses nombreux déménagements étant enfant (Turquie, Egypte, Mexique, Allemagne, Angleterre), son déclic pour la musique en entendant les Stones, sa scolarité, son rapport à l’autorité, à son père, le suicide de son frère, son passage aux Beaux-Arts, les années 60 et la contre-culture hippie, chômage et petits boulots, ses premiers groupes, les squats londoniens, le 101 Walterton Road (qui a inspiré le nom des 101’ers, son premier « vrai » groupe), le passage de « John Mellor » à « Woody » puis à « Joe Strummer », la bombe Sex Pistols, la rencontre avec Bernie Rhodes (qui deviendra le premier manager de The Clash avant que ça parte en sucette et qu’ils le virent, puis revenu à la demande de Strummer) et les futurs membres du groupe, comment il a coupé les ponts avec ses anciens amis pour démarrer l’aventure de The Clash…
Et puis The Clash. Leur impact, comment ils aidaient à éveiller les consciences politiques. Parce que c’est aussi (beaucoup) pour ça que j’aime The Clash. L’inspiration de la musique jamaïcaine et le lien avec le reggae. Leur(s) venue(s) aux USA, puis le trop plein de succès, les désaccords, la division, l’éviction de Topper devenu trop accro à la drogue (alors remplacé par Terry Chimes), le début de la fin malgré le succès de Rock the Casbah, le départ forcé de Mick Jones (Bernie Rhodes qui convoitait sa place ayant bien bourré le mou de Strummer), la restructuration du groupe avec Pete Howard à la batterie, et Vince White et Nick Sheppard à la guitare, jusqu’à ce que Strummer ne supporte plus l’ego de Bernie Rhodes, et la fin pure et simple du groupe en 1986.
Vient alors l’après The Clash, la « traversée du désert », période d’introspection, la perte de son groupe, de ses parents, la paternité, des rôles dans des navets, des musiques de films, une tournée avec les Pogues aux USA, les différents projets musicaux qui ne marchent pas, le ras le bol du contrat qui le lie à Epic (Sony) avec lequel il se sentait coincé et dont il arrive finalement à se dépêtrer, la période « déprimé », et sa rencontre avec Antony Genn avec qui il fondera The Mescaleros, ce qui lui permettra d’ouvrir un nouveau chapitre, une sorte de renaissance. Egalement la réunion éphémère et non préparée de Strummer et Mick Jones à l’occasion d’un concert pour soutenir la grève des pompiers au London’s Acton Town Hall en 2002, Et puis sa disparition la même année, d’une cardiomyopathie congénitale.
De tout ça ressortent des traits de caractères, volontaires ou non ; sa sincérité, sa générosité, son intégrité, son ouverture, son sens de la justice, ses convictions politiques, son côté leader marqué dès l’enfance, ou encore la contradiction entre le fait qu’il voulait que le groupe (The Clash) marche mais que le succès l’effrayait, ne voulant pas devenir un produit commercial.
Tout au long du film on note les très nombreuses participations, of course des membres de The Clash (Mick Jones, Paul Simonon, Topper Headon) mais aussi de différentes personnes qui ont croisé sa route, que ce soit au début de sa carrière ou bien plus tard, qu’il s’agisse d’anonymes (amis d’enfance etc…) ou de « VIP » qui ont eu l’occasion de le cotoyer: Keith Levene, Bono, Bobby Gillespie, Don Letts, John Cusack, Johnny Depp, Flea, Matt Dillon, Martin Scorcese, Steve Buscemi, Jim Jarmusch, Anthony Kiedis, Courtney Love…
Bref, un film documentaire riche qui retrace sa vie, du début à la fin, de long en large. Qu’on soit déjà conquis par le personnage ou qu’on en ait une connaissance « superficielle », on apprend des choses, on plonge dans le passé, on touche du doigt un temps révolu, une véritable incarnation du punk politique et social.
Perso, déjà conquise depuis longtemps. J’espère que ce doc peut vous donner envie d’en apprendre davantage, d’être curieux, de fouiller, potasser tout ce que vous pouvez, et surtout d’écouter Joe Strummer, avec The Clash, The Mescaleros, en solo, tout ce qu’il est possible de trouver, écoutez.
Pour finir ce sujet de l’émission Tracks datant de 2002, soit quelques mois avant sa mort: