Film documentaire suisse de Daniel Schweizer, de 2003, sorte de road-movie qui accompagne Karole, une skinhead girl d’aujourd’hui, traditionnelle et anti-raciste, il brosse un portrait général du mouvement skinhead, de l’extrême gauche à l’extrême droite.
Daniel Schweizer entend ici raconter la vraie histoire des skins, et ses paradoxes. Des origines du mouvement dans les années 60 en Angleterre jusqu’à ce qu’il en est à la fin des années 90, en passant inévitablement par la « scission » des 70’s, le réalisateur nous emmène à travers plusieurs pays d’Europe (France, Angleterre, Allemagne, Pologne, Suède…), mais également outre-Atlantique à Dallas, Montréal et Las Vegas, et retrace l’histoire du mouvement sans omettre toutes ses composantes.
On y retrouve entre autres les témoignages de Buster Bloodvessel (Bad Manners) Laurel Aitken, Jimmy Pursey (Sham 69), Fred (Skarface), Roddy Moreno (The Oppressed), Enrico (Los Fastidios), le groupe Scrapy…
Pourquoi je trouve ce documentaire essentiel: longtemps j’ai bêtement pensé que skin était synonyme de faf. J’me posais juste pas de questions, c’était dans l’ordre des choses. Et puis j’suis tombée sur ce docu quand Arte l’a diffusé y’a quelques années peu après sa sortie. Et j’ai pris une claque, j’ai appris, j’ai compris.
J’me suis rendu compte de combien cette généralité, cet amalgame était idiot, que le mouvement Skinhead était riche d’histoire (et comment il est intrinsèquement lié au reggae, ska, principalement sous l’influence de la communauté immigrée jamaïcaine d’Angleterre) et que les nazillons de service n’avaient rien, mais alors rien compris à l’essence même du mouvement Skinhead.
Il a été reproché au réalisateur une vision trop manichéenne des choses, d’un côté les antifa, de l’autre les fafs, mais l’aspect apolitique revendiqué par certains est pourtant bien évoqué. A noter aussi que ce documentaire est le deuxième volet d’une trilogie de Daniel Schweizer, suivant « Skin or die » et précédant « White Terror ».
J’vais pas vous refaire l’histoire, soyez curieux (Google est votre ami), balayez les idées reçues, et j’peux que conseiller ce doc qui m’a beaucoup appris. J’me suis sentie conne sur le moment de ne pas savoir tout ça, mais du coup maintenant j’ai vraiment à cœur de défendre le « bon côté » du mouvement skinhead, ses origines.
En français, le doc est dispo sur Dailymotion en 2 parties: Part1 / Part2
Pour ceux qui me connaissent, ça peut parfois virer à l’obsession, ce besoin de toujours vouloir remettre les choses à leur place, expliquer les origines du mouvement Skinhead; juste que depuis que je me suis intéressée à ça, je trouve tellement injuste que le mot « skin »/ »skinhead » représente maintenant dans l’idée populaire quelque chose qui est à l’opposé de ce que c’était à l’origine. Que le « côté obscur » ait pris le pas et ait permis de détourner à ce point le sens même de ce que ça représente. Si j’y allais d’une approche tout blanc/tout noir, je dirais qu’il y a les « vrais » skins, qui pâtissent des frasques et dérives des « faux » skins. Parce que pour moi tout simplement, un skin d’extrême droite, un skin raciste, ben c’est pas un vrai skin.