Angry Youth Elite – Ready! Set! No!

Angry Youth Elite – Ready! Set! No! (25/05/2018 – Sportklub Rotter Damm)

Alors oui c’est vrai, musicalement on est pas dans ma “zone de confort” habituelle, mais ça fait partie des écarts que j’apprécie et qui viennent enrichir mes écoutes ordinaires. Et un premier album très réussi, ça mérite toujours d’être souligné. Une fois de plus j’suis un brin à la bourre et encore sur les sorties de 2018, mais le fait est que j’ai pas eu la chance, l’opportunité de tomber dessus avant. Cet album a pile un an et vu ce que je l’écoute maintenant, j’aurais vraiment aimé le découvrir plus tôt.

Vu que c’est un premier album et que c’est prometteur, c’est une bonne occasion de présenter le groupe, fondé en 2017. Ils nous viennent de la vallée de la Rhur en Allemagne et sont trois: André (guitar, vocals), Charly (main vocals, bass) et Markus (drums, vocals). On se reconnait pas mal dans le profil qu’ils mettent en avant, d’anciens “jeunes” devenus trentenaires, mais pour qui le punk rock n’est pas mort et qui ont à cœur de le faire vivre “intelligemment” en orientant clairement leur colère contre ce qui mérite de la recevoir.

Conscients de l’importance des racines punk rock des années 70 et 80, ils ont tout de même grandi avec le punk rock des années 90, le melodycore, le skate punk, skate core, et je trouve que c’est ce qui ressort le plus de cet album. Parmi certaines de leurs influences et les artistes qu’ils apprécient, ils citent Lagwagon, Good Riddance, Pennywise, NoFX, Bad Religion, Fudge Wax, Bouncing Souls, ou encore Red City Radio. Ca ne surprend pas à l’écoute de leur album Ready! Set! No! Ca sonne très punk rock 90’s. Et si ça parle naturellement à toute une génération, ça devrait aussi parler aux suivantes.

Quand j’dis que j’suis pas dans ma zone de confort, c’est musicalement j’entends, parce que finalement sur le fond, on en revient quasi toujours au même constat, et la colère qui peut en découler. Parce que oui, en colère ils le sont, et à raison.
Ils déplorent le déclin du punk rock, et aux paroles pop punk légères et superficielles ils préfèrent mettre en avant un message d’unité, des paroles socialement responsables face au déclin et ils tiennent une position claire contre le racisme et le capitalisme. Donc là-dessus, yep j’suis assez dans mon élément.

Concernant les pistes de l’album (liste non exhaustive): La première, Start, est un instrumental, mais qui a le mérite de donner le ton, bien qu’un peu plus sombre que le reste de l’album, et reflète d’entrée de jeu l’énergie et la volonté qui les animent. Tout aussi énergique, la suivante, Pissed, est une parfaite synthèse de leur colère qui plane sur l’album:

gettin’ up too late, once again no coffee break.
that’s right! i’m badly off.
turn that shit off the radio.
morons all around me everywhere I go
i’m pissed.
cleaning up the mess, to get the shit right of my head,
to save my fucking life.
the breaking news make me feel sick.
terrorism and fascism all this awful shit.
i’m pissed.

Rebellion Cut to Fit (avec les Burning Heads s’il vous plait) laisse sentir un petit vent de protestation et Anger Turns to Hate (qui porte bien son titre) bifurque à mi-chemin vers un vocal plus hardcore en screaming.

Again & Again apporte alors une touche plus joyeuse dans la mélodie et le ressenti qui en découle. La piste se termine sur la ligne de basse, ce qui offre une bonne transition avec l’intro à la basse de la suivante No Matter, Who Cares? dont le refrain s’imprime très vite et en dit long “We know the winner takes it all and the loser gets the fall. Who the fuck cares of them at all“.

Strong Company et The Pack sont une sorte de pause positive, sur une idée d’amitié, de partage et d’unité, tant dans les textes que dans la musique.

L’avant dernier morceau, le titre éponyme de l’album Ready! Set! No! a été mon premier coup de cœur du skeud, énergique à souhait, batterie effrénée et guitare lancée à pleine vapeur. Le clip est aussi sobre que somptueux. L’album se termine sur A Rebel Song, la touche plus smooth de l’album, à l’insertion reggae, à la basse enjoleuse, belle manière de cloturer l’album et redescendre après tous les morceaux endiablés qui ont précédé. Elle reste un appel à réagir, mais se fait plus soft dans la forme.

Concernant l’album en lui-même, 12 pistes (et j’les aime toutes sans exception, même celles que j’ai pas citées), 25 minutes, plusieurs morceaux très courts (6 ne dépassent pas les 1’30”) mais efficaces. Ils se sont fait plaisir pour ce premier opus, enregistré au Kanal24 (Bochum) sous l’égide de Joerg Siegeler, et masterisé par Jason Livermore aux légendaires Blasting Room Studios (Fort Collins, Colorado). On notera aussi la participation des mythiques Burning Heads sur le morceau Rebellion Cut to Fit.
A noter que depuis leurs débuts, ils ont partagé la scène entre autres avec Jaya The Cat, The Real Mc Kenzies, Sondaschule, The Bombpops, Death By Stereo, The Penske File, Spanish Love Songs, Pears, Nothington, Snareset ou encore plus récemment No Fun At All… Egalement un single sorti ce mois, reprise de Say Anything (The Bouncing Souls) avec The Bombpops…

C’est efficace, c’est rapide et énergique, les harmonies vocales sont bien calculées et vraiment appréciables. Y’a presque un côté saut dans le passé, un vrai retour au punk rock des 90’s, chez Fat Wreck Chords ou Epitaph. A l’écoute de ce disque, un pote m’a dit “j’ai les Vans qui poussent”, j’crois que ça résume bien le son global du groupe. Même si c’est pas ce que j’écoute le plus souvent en temps normal, c’est bien fait, alors y’a pas de raison de s’priver. J’me surprends même régulièrement à fredonner ou siffloter certaines de leurs tounes.

J’vais reprendre des adjectifs que j’ai déjà utilisés dans ce texte: énergique, effréné. Et sans que leur musique soit agressive à outrance, les paroles reviennent beaucoup sur la déliquescence des temps actuels, ils sont concernés et sont en colère. Le genre de groupe qui m’fait du bien, parce que ça fait toujours chaud au cœur de partager ce même constat et d’en ressentir les mêmes conséquences. Et musicalement, ce fucking saut dans le passé nous rajeunit et nous réconforte. Un album qui devient vite un pote fidèle qui nous accompagne. Plus j’écoute l’album, moins je peux m’arrêter. Bref, j’aime. Beaucoup même.

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